Beaudoin Bergeron est diplômé de 1994 en génie mécanique et Président de l’Association des Diplômés de Polytechnique depuis février dernier. En 1989, il entamait ses études à Polytechnique, après une carrière d’officier de marine des Forces Armées Canadiennes, qu’il a débuté en 1983 et poursuivi, en même temps que ses études, jusqu’en 1993. Il est maintenant président de la compagnie RHR Expert, spécialisée en ressources humaines, qu’il a fondé en 1997. Cette compagnie offre des solutions aux grandes sociétés dans le recrutement de personnel et la gestion des c.v.
Q. Il s’agit d’un parcours pour le moins inhabituel…
On peut le dire, en effet. Mon cheminement s’est fait par hasard. En 1989, je songeais à réorienter ma carrière : je ne me voyais pas capitaine de bateaux toute ma vie. J’hésitais entre des études de droit, continuer mes études dans l’armée comme pilote d’avion ou le génie. Je ne me rappelle même plus ce qui m’a fait choisir le génie.
Q. Pourquoi le génie mécanique ?
C’est un mystère… Parce qu’il était moins « flyé » que le génie physique.
Q. Qu’est-ce qui vous a poussé, après vos études, à aller en ressources humaines ?
Ça s’est fait par hasard. Mon PFE portait sur la conception et l’analyse d’un système-expert de gestion en approvisionnement des bateaux. Suite à mon PFE, j’ai travaillé pour une compagnie, Conceptum, qui détient Cognicase et qui avait des problèmes au niveau du recrutement du personnel. J’ai donc développé un logiciel de gestion du recrutement et démarré mon entreprise en 1996. Je travaillais donc à titre de consultant le jour et je développais mon entreprise le soir.
Q. Comment s’est passé le démarrage de l’entreprise ?
Après un an de développement du logiciel, ce n’est qu’en janvier 1997 que j’ai commencé la mise en marché et la vente du programme. De ce côté, ça s’est très bien déroulé, car j’ai commencé avec trois gros clients : Domtar, Alcan et Noranda. Deux de ces clients, soit Alcan et Noranda, m’ont demandé d’intégrer la gestion des c.v. au logiciel. J’ai donc développé le concept de solution intégrée qui fait l’impartition informatique dans une base de données et l’impartition du processus de gestion des c.v.
Q. Quelles ont été les problématiques rencontrées ?
Une problématique que nous avons eu au début concernait notre rémunération : est-ce qu’on facture au c.v. ou à l’embauche ? Nous avons décidé de facturer au c.v. car les c.v. traités ne mènent pas tous à une embauche. Nous avons donc calculé le prix de revient du traitement d’un c.v. pour arriver à la conclusion qu’il en coûte entre 150$ et 250$ à l’entreprise, par c.v. pour le gérer.
Q. Ça semble beaucoup !
Eh bien, si l’on compte le salaire de chaque personne qui aura à gérer le c.v., le temps de traitement, la publicité investie dans une annonce d’offres d’emploi et la mauvaise gestion des c.v., ça revient à ces chiffres.
Q. Quelle est la compétition dans ce domaine ?
Au niveau de la gestion des c.v. et le processus d’embauche, il y a beaucoup de solutions qui existent sur le marché, c’est-à-dire, beaucoup de façons de résoudre la problématique. Au niveau logiciel comme tel, il existe des logiciels comme People Soft ou ceux apparentés au système ERP qui sont intégrés au système informatique de l’entreprise. Évidemment, ces solutions sont très coûteuses. L’avantage des solutions que nous offrons, c’est qu’elles s’intègrent facilement, quel que soit le type d’entreprise et qu’elles sont peu coûteuses. Sinon, en terme de compétition au Québec, il y a une entreprise de Québec qui offre des solutions du même type que les nôtres et c’est tout.
Q. Que diriez-vous qu’il manque à la formation d’ingénieur pour œuvrer en ressources humaines ?
Je crois que l’aspect humain en ingénierie est négligé souvent. Bien sûr, il existe des cours obligatoires en sciences humaines dans la formation d’ingénieur, mais c’est bien souvent la dernière priorité des étudiants. Pourtant, l’aspect humain est un aspect important du travail d’ingénieur.
Q. Seriez-vous d’accord avec l’affirmation que l’aspect humain constitue 80% ou plus du travail d’un ingénieur ?
Oui, que ce soit en supervision, pour la gestion d’une équipe, pour la gestion d’une usine, d’un département, le travail de l’ingénieur est de parler, coordonner, de faire des téléphones aux fournisseurs, etc. C’est pourquoi il ne manque pas nécessairement de cours de sciences humaines dans la formation d’ingénieur ; il manque plutôt une prise de conscience des étudiants en ingénierie sur l’aspect humain de leur carrière.
Q. Dans un tout autre ordre d’idées, vous êtes Président de l’ADP. Comment est-ce arrivé ?
Auparavant, puisque je travaille en ressources humaines, j’étais membre de l’Ordre des Conseillers en Ressources Humaines. J’ai réalisé que j’avais peu d’affinités avec les membres, étant moi-même ingénieur. Je voulais donc agrandir mon réseau de contacts et j’ai décidé de renouer avec les ingénieurs, soit en m’impliquant dans l’ADP, dont je suis membre depuis 3 ans.
J’ai commencé à m’impliquer à titre de bénévole pour l’organisation de la partie d’huîtres annuelle de l’ADP. J’ai ensuite organisé la formule actuelle des « Matins de l’ADP » avec des conférenciers pour passer de 30 personnes à 200 personnes qui assistent aux Matins de l’ADP. Par la suite, Jean-Paul Lemarquis, ancien président de l’ADP, m’a offert le poste de président. J’ai accepté le poste que j’occupe depuis février dernier.
Q. Est-ce que l’implication à l’ADP vous demande beaucoup de temps ?
Ça dépend des semaines. De 4 à 6 heures par semaine, quelquefois des journées complètes, mais c’est très stimulant et on y développe beaucoup de relations d’amitiés entre les membres.
Mot de la fin ?
Je suis d’avis que la formation de Polytechnique nous donne les plus beaux outils pour réussir notre carrière. J’inviterais aussi tous les étudiants à joindre l’ADP après leur bac pour enrichir l’association et pour en tirer profit. On n’en attendait pas moins de la part du Président de l’ADP.
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